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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

des hommes ; pour tout dire, comme la réalisation du rêve caressé par maint philosophe, vécu par aucun.

Oh ! l’admirable, l’unique croisière, que vous ne goûterez jamais, fortunés possesseurs de yachts rapides, élégants et somptueux !

Mon yacht, à moi, ne méritait aucune de ces épithètes. C’était un bizarre croisement du chaland européen et de la pirogue indigène.

Au premier, il avait emprunté son corps pansu et son fond plat. De la pirogue il tenait ses extrémités effilées ainsi qu’une déplorable facilité à prendre l’eau. Au-dessus de la panse, une voûte de chaume. C’était là ma cabine, à la fois chambre à coucher, salle à manger, cabinet de travail et de toilette. J’avais, de plus, l’illusion d’une habitation lacustre, car sous le plancher l’eau ne cessait d’envahir la cale. Une couchette en fer et pliable était mon seul meuble. Table, armoire, bureau, lavabo, buffet, étaient simulés par des bagages variés, paniers en osier, cantines, valises. Quant à la cuisine et aux fourneaux (une longue