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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

Une seule chose chagrine l’amiral et le vice-amiral, fils d’âpres paysans, amoureux de la terre. Ils ne comprennent pas que les indigènes ne travaillent pas davantage et ne tirent pas meilleur profit des immenses étendues fertiles qu’ils ont à leur disposition. « On devrait envoyer ces têtes de pipe en France, pour leur apprendre à labourer ! » Tel est leur avis.

À une vingtaine de kilomètres de Toulimandio, le Niger passe devant un joli promontoire rocheux, aux flancs duquel nous avons établi un chantier de construction navale. C’est Koulikoro. Les forêts voisines fournissent d’excellents bois avec lesquels on confectionne les chalands sur lesquels officiers, soldats, voyageurs et vivres circulent à travers les dédales du fleuve. Ouvriers et directeur du chantier sont des nègres uniquement, des nègres sénégalais formés dans notre vieille colonie qui nous aide ainsi à confectionner les langes de sa sœur cadette.

Sur la berge, c’est un amusant tableau d’arsenal exotique et primitif. Pour ateliers, on se contente des hautes voûtes ombreuses d’arbres superbes. À leur pied, se dressent des établis, des forges, des tours, et s’amoncellent des pyramides de planches.

Tandis que charpentiers, forgerons, scieurs se démènent, les femmes et les enfants du village entremêlent leurs silhouettes de baigneuses et de laveuses ; les chevaux et le bétail viennent s’abreuver, et le tout forme une jolie cacophonie de coups de marteau, de rires, de hennissements et de grincements de scie, de jacasseries et de beuglements.

Plus loin avec Niamina, Ségou, Sansanding, nous pénétrons dans la région cotonnière par excellence. De vastes champs sont consacrés à la culture de ce précieux textile. C’est là