Que ces Canons soient ou non de Roger Bacon, nous n’y devons certainement pas voir une grande innovation astronomique. Non seulement Al Zarkali avait mis des Canons semblables à Ventrée des Tables de Tolède, mais, depuis longtemps, les Latins avaient accoutumé d’imiter le grand astronome arabe. Guillaume l’Anglais, de Marseille, avait, nous Lavons vu [1], composé des Scripta super canones Archazelis ; et le manuscrit de la Bibliothèque Nationale où se lisent les Canons que nous avons attribués à Roger Bacon, contient, sur les Tables de Tolède, d’autres Canons qui semblent remonter à l’an 1232.
Selon l’usage, ces derniers Canons commencent par des tables [2] qui permettent de convertir en années juliennes les années du calendrier arabe ; la table des Anni Arabum collecti s’ouvre par l’an 630 de l’Hégire, que l’auteur fait commencer 8 jours et quart après le début de l’an 1232 du calendrier julien ; les Anni Arabum collecti se poursuivent, de trente en trente, jusqu’à l’année 930 de l’hégire, qui commence avec l’année 1523 du calendrier julien. C’est à l’année 631 de l’hégire que commencent les tables astronomiques dressées au verso des précédentes [3].
Les canons [4] sont écrits au bas ou, quelquefois, dans la marge des pages occupées par les tables. Comme les tables, ils ont trait exclusivement au Soleil, à la Lune et à leurs éclipses ; ils laissent de côté tout ce qui concerne le cours des planètes et le mouvement des étoiles fixes.
Dans ces canons, nous rencontrons la phrase suivante :
« Vous trouverez ainsi les heures égales de la conjonction ou de l’opposition après le midi de la ville de Tolède, qui suit, à une distance de 2° 20′ ou 46′, disent les experts en cette matière, le midi de Paris ; c’est là ce qu’il faut ajouter aux heures comptées à partir du midi de Tolède pour avoir les heures comptées à partir du midi de Paris. — Et sic inventes horas conjunctionis vel oppositionis equales post meridiem civitalis Tholeli, que sequitur meridiem parisiensem spacio II graduum 30 vel 46 minutorum, ut dicunt experti ; et hoc est addendum horis a meridie tholetano ut hore a meridie parisiensi habeantur. »
1. Ce volume, pp. 288-289.
2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 15171, fol. 78, ro : Iste tabule sunt ad extrahendum annos arabum ex annis domini notis et econverso.
3. Ms cit., fol. 78, vo.
4. Ms. cit., fol. 78, ro, inc. : Ut annos arabum, menses et dies, et, per consequens, etatem lune per 3 scilicet primas tabulas invenias… Ms. cit, fol. 87, vo, expl. : Si vero fuerit plus 180 et minus 360, erit eclipsis ex parte meridici et meridianior pars solis privabitur secus [lisez : sicut] est in eclipsi lune. Explicit quod sufficit de utraque eclipsi tam solis quam lune.
5. Ms. cit., fol. 81, vo, et fol. 82, ro.