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Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/29

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notre ère) ait eu l’idée singulière de composer un poëme patriarcal, et ait porté assez de suite dans ce dessein pour que son œuvre ne détonne pas une seule fois et ne trahisse pas par quelque endroit le système artificiel qui aurait présidé à sa composition.

On peut dire, il est vrai, que les Hébreux conservèrent longtemps un sentiment très-distinct de la vie patriarcale, et que cette vie était pour eux une sorte d’idéal où ils aimaient à placer leurs fictions, à peu près comme faisaient les Grecs pour l’époque héroïque. On peut ajouter qu’une intention de couleur locale semble se montrer dans cette circonstance remarquable que l’auteur, parlant en son propre nom dans les parties en prose, appelle Dieu Jéhovah, tandis que, toutes les fois qu’il fait parler les Iduméens, il ne met dans leur bouche que les noms monothéistes d’Eloah, El, Schaddaï. Mais, outre qu’il n’est pas absolument certain que le prologue et l’épilogue soient de la même main que le poëme,