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Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/81

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(xvii, 13-14[1]), rappellent au premier coup d’œil les personnifications de la Grèce et de l’Inde : on croit lire les Védas en voyant l’Aurore (xxxviii, 13-14) saisir les coins de la terre pour en chasser les méchants et changer la face du monde comme le sceau change la terre sigillée[2]. Mais tout cela reste infécond. Chez les Ariens, ces attributions de l’Aurore fussent devenues un acte ou une aventure d’une déesse ; puis, avec le temps, cessant d’être comprises, elles eussent produit des contes bizarres où le caprice des poètes se fût donné carrière. On eût raconté, j’imagine, que Schahar (l’Aurore) était une vigoureuse jeune fille qui, un jour, rencontra des brigands se partageant leur butin sur un tapis, en saisit les quatre coins

  1. Il y a des doutes sur la seconde de ces expressions.
  2. Rigvéda I, cxxiii, 4 : « L’Aurore s’approche de chaque maison ; c’est elle qui annonce chaque jour. L’Aurore, la jeune fille active, revient éternellement ; elle jouit toujours la première de tous les biens, etc. »