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Page:Errico Malatesta, Articles politiques, 1979 (extraits).djvu/12

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Plus tard, les vainqueurs trouvèrent plus avantageux, plus efficace et plus sûr d’exploiter le travail d’autrui par un autre système : garder pour soi la propriété exclusive de la terre et de tous les instruments de travail, et accorder une liberté apparente aux déshérités. Ceux-ci n’ayant pas les moyens de vivre, étaient contraints à recourir aux propriétaires et à travailler pour eux, aux conditions qu’ils leur fixaient.

Ainsi peu à peu, à travers un réseau compliqué de luttes de toute sorte, invasions, guerres, rébellions, répressions, concessions faites et reprises, association des vaincus unis pour se défendre, et des vainqueurs pour attaquer, on en est arrivé à l’état actuel de la société, où quelques hommes détiennent héréditairement la terre et toutes les richesses sociales, pendant que la grande masse, privée de tout, est frustrée et opprimée par une poignée de propriétaires.

De ceci dépend l’état de misère où se trouvent généralement les travailleurs, et tous les maux qui en découlent : ignorance, crime, prostitution, dépérissement physique, abjection morale, mort prématurée. D’où la constitution d’une classe spéciale (le gouvernement) qui, pourvue des moyens matériels de répression, a pour mission de légaliser et de défendre les propriétaires contre les revendications du prolétariat. Elle se sert ensuite de la force qu’elle possède, pour s’arroger des privilèges et soumettre, si elle le peut, à sa suprématie même la classe des propriétaires. D’où la formation d’une autre

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Écrits politiques.3.