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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/120

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la danse macabre


— Si tu me trompais pour une autre amante,
J’en mourrais, vois-tu, et mourrais contente.
Car tout mon bonheur du tien seul est fait ;
Mais si tu devais préférer aux miennes
Des caresses d’homme, ainsi qu’une chienne,
Chérie adorée, je t’éventrerais !
— Méchante, crois-tu qu’à tel point j’en vienne :
Et puis, songe donc, un homme est si laid !

Un rustre traque une chèvre récalcitrante :
— Que me criblent les boucs d’œillades ennemies.
Je prends mon plaisir où je le trouve et m en vante
J’évite les querelles des femmes puantes.
 Et je fais des économies.

Or, forniquer et m’engraisser parmi les bêtes
Me rend tel qu’une bête et ce m’amuse fort,
Et je serai ravi tout à fait de mon sort
Quand j’aurai pour cervelle un caillou dans la tête
 Hihan, grouin, bêê !

Un vieil adolescent, fripé, sournois et grêle :
 — Ma vie s’écoule à flots brûlants.
 Et ma frénésie criminelle
 Fait sans fin jaillir ma cervelle
 Et la dissoudre en jus gluant ;

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