Aller au contenu

Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
la danse macabre


Et la grinçante voix me poursuit, si connue,
Sortie, glaçant mon cœur, de l’ombre sépulcrale
(Est-ce ricanement d’un noir démon cornu.
Ou bien piaulement funèbre d’un chacal ?)
Et glapit :
 — Le mot de l’énigme est Désespoir !

— Qui ou quoi vient encor de pleurer dans le noir ?
Une paire d’yeux verts flambent comme un phosphore :
À leur éclat je distingue un museau pointu,
Deux oreilles dressées et la forme d’un corps ;

Sous la patte, ou la main, quelque chose remue
(Cœur ? ou fœtus humain expulsé par le crime ?)
Et la voix grinçante et monotone redit :
— Le mot est Désespoir !
 Et soudain tout s’abîme,
Sphinx blanc, monstre aux yeux verts, et roc noir, dans la nuit
Mais voici, comme pour démentir le blasphème.
Qu’étoile d’espérance, en l’air une lueur
Se montre voltigeant, tourne sur elle-même,
Disperse des rayons aux changeantes couleurs ;
Elle approche, grandit, a pris la ressemblance
D’une vraie fleur vivante, et j’admire en tremblant
Une femme légèrement vêtue, qui danse,
Buste cambré, bras en guirlande, en souriant.

— 136 —