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la danse macabre


Je me demande si j’avance ou bien recule ;
Un temps s’écoule, un inappréciable temps,
Et la sensation qu’autour de moi pullule
Une foule, grandit, cauchemar obsédant.

Soudain, l’horreur, la grande horreur m’est apparue !
J’ai vu, mon Dieu, j’ai vu, sans en mourir d’effroi :
L’armée immonde accourt, tout palpite et remue,
Se multiplie, bondit, m’entoure et vient sur moi.

Procession d’enfer ! (etc.)…

Tout à coup je frissonne, un être est contre moi,
C’est un squelette, il est vêtu, selon la mode,
D’un complet à carreaux ; il grelotte de froid,
Ses pieds boitent dans des escarpins incommodes,

Il fait le beau, fantoche aux airs de petit vieux,
Sa main de blanc gantée tourmente une badine,
Deux braises luisent dans les trous que sont ses yeux
Il grince tandis qu’avec grâce il se dandine :

— Je suis un être absolument semblable à Dieu.

Je ne te connais pas et voilà que je tremble
De te reconnaître, fantôme absurde, ô voix

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