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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/97

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la danse macabre

 Au ventre en fleur de la chérie
 Rendu par moi fruit large et lourd ;

 Humant à la gorge pucelle
 Par mes sucs faite maternelle
 Ses premières nappes de lait :
 Blottir ma tête bienheureuse
 Dans cette gorge généreuse
 Que mon amour aura gonflée !

 Don Juan pleure : — Hélas mon cœur,
 Cœur martyr et cœur dépravé,
 Recrû de dégoûts et d’erreurs,
 Jusqu’au plus bestial bonheur,
 Je l’aurai vainement frôlé !

La cloche tinte : — Attends ton heure, attends ton heure 1
Don Juan n’entend plus et regarde ne plus :

 — Ces deux seins que j’ai tout à l’heure
 Malmenés par excès d’amour,
 Trésors si doux sur quoi je pleure,
 Ne me sont qu’un songe confus.

 Plus rien n’en vit en ma mémoire.
 Qu’une chaleur et qu’une odeur :
 Qu’importe, ô mon cœur, les ravoir :
 Ce n’est plus ceux de tout à l’heure.

— 95 —