pas beaucoup. Il aimait, comme tous les jeunes gens, lui raconter les incidents de la vie d’étudiant. Il montrait avec orgueil la cicatrice qu’il portait au front, trace d’un duel motivé par une futilité. Louise ne comprenait rien à ces mœurs qu’elle traitait de barbares, et réprouvait ces plaisirs où perçait une brutalité qui la faisait trembler.
Elle exhortait Wilhelm à délaisser ces amusements périlleux, mais lui, fanfaron comme l’extrême jeunesse, heureux de se hausser dans l’admiration d’une femme, même de sa mère, répondait :
— Le sang allemand est plein de force… nous sommes la première nation du monde… Se battre, dominer est notre lot…
Louise se taisait. Wilhelm appelait d’elle un acquiescement, une louange, mais elle ne pouvait pas formuler la parole qu’il désirait.
Il sentait naître, entre sa mère et lui, un malaise sourd qui s’accentuait chaque fois que la question patriotique l’entraînait. Louise parfois s’accusait ; elle rachetait alors par une explosion de tendresse, par des baisers affec-