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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/156

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SUR LE SOL D’ALSACE

Il accentua lentement :

— Je compte sur toi pour que Marianne ne soit plus ici ce soir.

Et sans ajouter autre chose, il sortit de la pièce. Il sentait sa dureté, mais elle lui paraissait légitime, parce qu’il n’admettait pas l’influence d’une simple servante.

Louise eut d’abord une révolte qui la poussa derrière lui, puis elle s’immobilisa, toute tremblante dans un frémissement. La pâleur creusait son visage, et soudain elle eut besoin d’air, de mouvement. Elle fit quelques pas, puis ouvrit la fenêtre qui grinça, retenue par la gelée. Les carreaux eurent un son ouaté. La lumière de la neige l’aveuglant, elle se rejeta dans la pièce où elle se mit à tourner dans le vertige de l’exaspération. Les murs dansaient devant ses yeux ; le froid ne l’atteignait pas, bien qu’il entrât en tourbillonnant et formant comme une vapeur. Une chaleur la suffoquait au contraire, et les gestes saccadés de ses bras paraissaient s’interposer entre l’air et le feu.

Marianne entra :

— Mon Dieu ! Louise, qu’avez-vous ?