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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/160

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SUR LE SOL D’ALSACE

ce désespoir. Elle passa son bras autour du cou de la vieille femme pour l’apaiser.

— Ma pauvre bonne Marianne !…

— Tu n’as donc pu lui dire, reprit la servante, que ce serait la mort pour moi, que de quitter cette maison où je suis entrée si jeune ?… Il ne sait donc pas que je t’ai bercée dans mes bras, que j’ai fermé les yeux de ton père et de ta mère, qui m’a dit : « N’abandonne jamais ma fille… » Et tes enfants ?… il oublie que je les ai soignés… Mon petit Fritz !… il aime l’Alsace, lui ! en parlions-nous assez tous les deux !…

— Tu vois !… tu vois… c’est cela qui déplaît à Herbert !

— Dis-lui que je me tairai, pourvu que je reste !

— J’ai essayé… j’ai supplié…

— Vous n’avez donc aucun droit ici ?

— Hélas !

— Oh ! ce n’est pas possible ! ce n’est pas possible !

Et Marianne se lamentait. Debout maintenant, elle arpentait la pièce. Ses bras serrés sur sa poitrine semblaient retenir la vie qui s’échap-