Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
SUR LE SOL D’ALSACE

— Pourquoi mon père te renvoie-t-il ?

Il devinait la cause, mais éprouvait le désir de se l’entendre confirmer :

Marianne murmura presque bas :

— Je suis trop française.

— Dis-le bien haut, Marianne, comme une gloire !

— Ah ! je ne sais plus comment on doit parler, dans cette maison !… répondit la servante.

— Ma pauvre !… et c’est ainsi d’un bout de l’Alsace à l’autre, il paraît… Mais tu ne partiras pas… je vais parler à mon père ce soir…

— C’est inutile… je suis décidée… je ne veux pas attendre que l’on me chasse…

— Je parlerai à mon père… que deviendrait maman sans toi ?…

Fritz descendit dans la salle à manger et lut jusqu’à l’arrivée de son père.

Depuis la maladie de Mme Ilstein, personne n’assistait plus au repas tardif du maître. Cette attention manquait à Herbert qui aimait à ce qu’on s’occupât de lui. Son plus jeune fils ne l’ayant jamais habitué à cette cour, il fut tout étonné de le voir. Il crut à une marque de défé-