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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/18

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SUR LE SOL D’ALSACE

n’avait été évoquée devant Louise qu’à voix basse, et ses yeux n’en avaient pas mesuré l’horreur. Elle savait que les vainqueurs parlaient de leur victoire, mais Herbert, devant elle, n’y faisait jamais allusion. Il semblait qu’elle le désarmait de tout orgueil par sa fine et gracieuse silhouette de Française.

Puis, Herbert Ilstein, n’étant pas fonctionnaire, lui paraît moins allemand. Industriel, à la tête d’une importante usine au Ramsthal, entre Saverne et Greifenstein, il est un des personnages les plus en vue de la contrée. Louise s’imagine que cette indépendance relative facilitera la tâche de le rallier à l’Alsace, car, au fond d’elle, une voix bégayante chante les gloires de la France, mais son patriotisme, jamais attaqué, n’a pu se révéler encore. Elle a grandi, doucement indifférente, bercée par les regrets qui s’identifiaient, pour elle, à des mélopées anciennes. L’idée de patrie est, à ses yeux, le cercle restreint dont les pôles sont formés par Saverne et Greifenstein. Là, sont enfermés tous les siens représentés par les portraits aux sourires immobiles.