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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/228

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SUR LE SOL D’ALSACE

M. Ilstein rappelait à tout propos ce temps qui lui était cher. Louise se sentait de plus en plus étrangère dans sa propre maison. Elle aurait voulu fuir, ou s’endormir sans réveil… mais Wilhelm la requérait pour son trousseau d’une façon presque constante, et elle passait des jours de damnée.

Lui, ne soupçonnait pas la profondeur de sa détresse. Il devenait de plus en plus joyeux à l’idée de son futur devoir. Par jeu, il accomplissait des exercices d’assouplissement et marchait comme à la parade allemande, les jarrets tendus. Il s’arrêtait brusquement devant sa mère en faisant un salut à trois mètres d’elle.

Son exubérance accentuait le désespoir de Louise. Elle ne pouvait supporter l’horrible perspective, et quand, une minute, sa pensée s’y appuyait, son cœur battait à grands coups irréguliers. Elle souhaitait alors qu’un événement extraordinaire vint détruire la vie…

Il lui semblait maintenant que tout son sang n’aurait pas suffi à laver la tache qui couvrait le passé de ses ancêtres.

Wilhelm s’imaginait simplement que la tris-