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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/233

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SUR LE SOL D’ALSACE

gloire de leur nation !… deux fils qui ne comprendront jamais la douleur de leur mère et qui, s’ils la comprenaient, pourraient me dire :

— Tu l’as voulu…

Et des sanglots tremblaient sur ses lèvres… Son exaltation montait comme un vertige de folie. Mme Hürting ne parvenait pas à la calmer. Ses consolations tombaient inutiles, sur la désespérée, qui, dans un fauteuil, le front dans ses mains, pleurait. Des sursauts secouaient ses épaules, tandis qu’une plainte déchirante, qu’elle ne pouvait taire, sortait de sa gorge.

Peu à peu, la réaction s’opéra, et elle parut sortir d’un rêve très long. Ses yeux meurtris semblaient rapetissés, mais ils brillaient au milieu de leur nuage de larmes, comme deux étoiles qui se reflètent, le soir, dans une eau tranquille ; sa tête bourdonnante lui faisait mal et de temps à autre son menton tressaillait.

Mme Hürting la conduisit dans sa chambre et lui baigna le visage ; comme une enfant toute petite, elle se laissait faire, sans force, sans pensée autre que sa souffrance.

Elle dut repartir. Comme dans un songe, elle