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SUR LE SOL D’ALSACE

pâle se relevait et s’abattait sur un prie-Dieu.

Fritz fit le tour de l’église ; une paix pleine de parfums s’étendait sur lui, l’arrachait au monde réel. Des souvenirs l’assaillirent et des regrets entrèrent dans son âme comme des aiguilles multiples et fines dont il ressentait les piqûres jusqu’au cœur. Le passé l’enserra comme une araignée patiente emprisonne une mouche ; il voulut s’en échapper, mais les fils invisibles le ramenaient sans cesse dans les rets étroits.

Les instants s’égrenaient. Le front dans sa main, Fritz ne bougeait pas. Un bedeau passa et repassa devant lui, frappant de sa canne et toussant légèrement pour qu’une manifestation de vie rompît l’immobilité de ce fidèle, figé dans sa contrition. Fritz leva la tête et brisa la trame des souvenirs. Les lumières l’éblouirent. Il pensa soudain à l’arbre qui brillait chez son père. Sa fuite était connue maintenant… La peur d’être recherché l’étreignit, et il s’enfonça dans un angle sombre, loin des rangs qui s’épaississaient. Un prêtre le regarda, le prenant pour un pénitent avide d’une absolution… Il se dissimula dans un autre coin… Sa destinée se dessinait ;