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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/293

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SUR LE SOL D’ALSACE

rait ; l’immensité blanche, muette, endormait toutes les manifestations de l’existence…

Malgré les calorifères, le feu flambait dans la haute cheminée. Louise, assise devant, prit le tisonnier et tapa sur une bûche. Les étincelles jaillirent en gerbe rouge et retombèrent toutes noires.

Nerveuse, elle dit soudain à Wilhelm :

— C’est beau ce que ton frère a fait !…

— Beau ?…

Et Wilhelm, interloqué, l’observa.

— Mais oui, continua-t-elle, la tête perdue, c’est ma revanche à moi, comprends-tu… je suis Alsacienne… mes parents l’étaient… n’est-ce pas juste qu’un de mes fils le soit…

— Oh ! maman… tu es Allemande par ton mariage… la femme n’a pas d’autre nationalité que celle de son mari…

— Pour tous les autres peuples cela peut être exact, mais chez les Alsaciens… non… on reste Alsacien !…

Elle le bravait du regard, et, le tisonnier rougi par la flamme prolongeait son bras…

Elle se reconnaissait tout à coup l’héroïsme