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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/298

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SUR LE SOL D’ALSACE

Le feu flambait joyeusement. Les flammes rouges jouaient avec leurs ombres qu’elles semblaient poursuivre et dévorer.

Dehors, le vent se colérait, et comme il n’était plus retenu par la riche feuillaison des arbres, il venait frapper la maison avec sa force entière. Wilhelm alla près de la fenêtre… La neige de nouveau cinglait les vitres ; les flocons s’accrochaient aux carreaux, puis, enlevés par le vent, s’écrasaient sur l’appui. Les girouettes perchées sur les tours grinçaient.

Louise se lamentait ; entre deux plaintes, elle dit à Wilhelm :

— Il ne faut pas m’en vouloir de ce que tu as entendu tout à l’heure… Pardonne-moi… je suis si… si… bouleversée… ne crois pas que je t’aime moins que Fritz…

— Tais-toi, ma petite maman… j’ai tout oublié, ne pensons qu’à mon frère… Je vais te laisser pour aller au-devant de papa…

Il la quitta tout ému. Louise resta seule. Enfoncée dans son fauteuil, la tête heurtée par le bruit monotone des pleurs… sa pensée flottait comme une épave dans une mer en fureur.