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SUR LE SOL D’ALSACE

ciel plein de soleil sous lequel la terre brillante s’étirait.

Les peupliers sombres qui bordaient les routes, les toits moins pointus des maisons, tout l’étonnait ; et c’est presque attendrie, qu’elle entrevit, dans un village, des enfants qui glissaient sur une mare gelée.

Subitement, elle songea qu’elle accomplissait ce voyage pour arracher Fritz aux mêmes extases… et son front s’assombrit. Elle s’accusa de l’avoir voué à l’Allemagne, et dans son imagination, Marianne surgit comme une prophétesse méconnue. Ses yeux à elle, s’ouvraient trop tard.

Trop tard !… Les deux syllabes se heurtaient, se mélangeaient comme deux sonneries de glas, obsédantes et lugubres. Les lettres qui les formaient prenaient des formes bizarres qui voltigeaient devant son âme. Un pressentiment terrible la secoua ; elle gémit :

— Fritz…

Le son de sa voix la rendit à elle-même et mit un terme à ses rêveries. Nancy s’approchait. Elle arrangea ses cheveux, ajusta sa voilette et remit