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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/65

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SUR LE SOL D’ALSACE

Qu’importaient les allées négligées, où glissait le soleil d’entre les feuillages des arbres aimés, puisque la paix bienfaisante les parcourait.

La demeure seigneuriale s’imposait, relevée aux yeux des profanes, mais combien abaissée en sa splendeur orgueilleuse, dans l’esprit des Alsaciens ; dans le cœur de Marianne, patriote ardente, dans son âme, à elle, où surgit la flamme dévorante du regret.

Elle n’ose plus se trouver en face des portraits de ses ancêtres dont les regards semblent se détacher d’elle…

Un frisson l’ébranle… Ah ! mai peut lui apporter ses parfums printaniers ; les pommiers, secouer leurs pétales roses sur les prés ; les oiseaux, chanter le retour des harmonies divines, la tempête est au bord de son cerveau lourd.

Comme un flot vertigineux, ses pensées s’entremêlent, prêtes à déborder, mais retenues par deux digues puissantes ; ses fils et l’autorité d’Herbert.

Ce soir, comme tous les soirs, elle l’attend… Il veut la voir, devant lui, pendant qu’on le sert… Elle doit répondre à ses questions…