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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/67

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SUR LE SOL D’ALSACE

Il ne se dérange pas pour l’embrasser… Elle s’assied et cherche à déchiffrer la pensée qui l’occupe, mais le front reste impénétrable. Pour entrer en conversation, elle prononce la phrase qu’elle emploie souvent et qui peut être prise pour un reproche affectueux.

— Comme tu es rentré tard aujourd’hui !

— C’est possible… Je me suis attardé en discutant avec le maire à la brasserie… à propos de l’Alsace…

— Puis-je savoir ?

— Les femmes n’entendent rien à ces questions, répondit-il brutalement ; plus doucement il continua :

— Les enfants sont couchés ?

— Depuis longtemps, Herbert…

— Wilhelm ne souffre plus de sa jambe ?…

Le petit garçon était tombé de cheval quelques jours auparavant. M. Ilstein l’emmenait parfois jusqu’à l’usine, tout en lui donnant une leçon d’équitation.

— Non, dit Louise, cela ne sera rien… mais, sois prudent avec lui, Herbert…

— Un Allemand ne doit rien craindre !…