Aller au contenu

Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
SUR LE SOL D’ALSACE

Elle passa devant la fenêtre ouverte de la salle d’études. M. Leiter, le précepteur, disait :

— L’Allemagne est puissante parce que…

Elle pressa le pas et courut presque pour échapper à la hantise impitoyable.

Le parc s’éclairait de lueurs florales. Les feuilles remplaçaient les bourgeons épais ; les oiseaux vivement tournaient autour des nids.

Louise marcha longtemps, la tête baissée, les mains croisées derrière le dos. Sa robe, d’un mauve pâle, lui donnait l’air d’un iris incliné sous la tempête.

Une brise l’effleurait par intervalles soulevant des boucles de ses cheveux. Un geste instinctif de sa main les remettait en place.

Des mouches dorées voltigeaient dans les rayons ; leur bourdonnement était semblable à la vibration d’une toupie éolienne. Des crocus pâles montraient leurs calices. Louise s’arrêta devant une touffe de violettes qui fleurissait au bord du chemin. Elle la cueillit et en respira le parfum.

Le calme lui revenait par la douceur de la nature.