Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/130

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tecteur armé de la foudre, souvent représenté aux côtés du Bouddha sur les reliefs gréco-bouddhiques.

Le lieu des dix mille Bouddhas n’a cessé de charmer et d’émouvoir l’imagination extrême-orientale. « Les pierres elles-mêmes, dit un poète chinois, ont atteint la vieillesse et se sont élevées au rang de Bouddha. » Au fond du précipice aux parois sculptées bondit un torrent. Le site est de la plus large et de la plus sauvage majesté. Il semble que toute une civilisation ait laissé là son extraordinaire testament moral. Avec leurs archers fantastiques, leurs pur-sang cabrés, aux jarrets minces, aux croupes rebondies, leurs chars à la mode persique, les gravures sur pierre des logettes funéraires Han donnent l’idée d’une société brillante et complexe, fière de son faste et du déploiement des cérémonies. Les guerriers, les chasseurs et les dignitaires, enlevés en relief plat par une sorte de taille d’épargne qui les découpe comme des silhouettes, respirent la force et l’autorité. L’art Weï entr’ouvre pour nous le mystère d’un monde chargé de pensées plus hautes et plus belles. La sérénité de la sagesse indienne descend sur la Chine comme une lumière dorée. Plus étroitement associés à la nature que les statues d’un temple, les Bouddhas taillés dans la roche semblent épanouir sous nos yeux la rêverie de la montagne et de toute la terre, répandre sur les hommes la grave leçon de l’éternel repos. Au Dragon du sud, symbole des apparences mobiles, de l’eau qui fuit, de la brume qui passe et qui se déchire aux pics mon-