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Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/214

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sage, au cours de la période précédente. Des nuances de la pensée bouddhique, nuances nouvelles ou révélées pour la première fois à la Chine, contribuent à enrichir les arts. Tantôt la secte Thyen-thaï et la secte Tchen-yen font prévaloir une note mystique, recueillie, précieuse, richement décorative. Tantôt la secte Tchhan, ascétique et contemplative, favorise le sentiment de la nature et le culte de la beauté du monde. Les premières triomphent en Chine sous les Thang, au Japon sous les Foudziwara ; la seconde, en Chine sous les Song, au Japon sous les Asikaga. En Chine, l’invasion mongole fait prédominer dans l’art bouddhique

une note réaliste qui doit prendre au Japon son accent décisif. Mais les progrès officiels du Confucianisme, sur lequel les conquérants ont besoin de s’appuyer comme élément d’ordre, finissent par endormir la Chine après les Ming.

Le Japon a recueilli l’enseignement de l’art gréco-bouddhique pendant la période Nara. Au cours des âges suivants, tantôt sous la forme Singon, tantôt sous la forme Zèn, tantôt en s’inspirant du réalisme Yuen, et même à l’époque où domine l’éthique purement chinoise, il donne au génie bouddhique une tonalité plus ferme. Toutes les forces de la vie sociale, le sentiment d’une haute mission historique, la discipline, la sensibilité, l’humour concourent à produire une culture dont l’art est l’expression absolue et que l’on peut qualifier de classique. En elle se concilient et trouvent leur pleine synthèse les deux grandes forces