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Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/26

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l’homme et de la bête, explique dans une large mesure l’origine des images du culte, quelques-uns de leurs caractères permanents, certaines mystérieuses survivances. Le développement de la vie spirituelle, en même temps que les progrès de la technique, l’amour des choses bien faites et le désir du beau, les a douées de qualités plus profondes et d’une puissante vertu de suggestion.

À la veille du grand épanouissement hellénique[1], la déesse samienne, l’antique Héra du Louvre se dresse comme une commémoration et comme une promesse à la fois. Ses jambes restent jointes et noyées dans une gaine ; elle plonge dans le sol le plus ancien, on dirait que des bandelettes la serrent comme elles ont serré les morts et les vivants d’autrefois. Mais son buste et son visage s’épanouissent avec plénitude. Par le haut de son corps, elle est une force heureuse, elle est conscience, elle est esprit, la lumière des méditations éternelles l’enveloppe sans nous la dérober. Idole et déesse, peut-être est-elle plus chère à nos cœurs que les grands dieux libres, et plus religieuse aussi. La souplesse de la vie, la droite clarté du regard, l’harmonie des formes nobles, quelles conquêtes immortelles ! Mais la vénération des origines fait partie de notre trésor caché et de notre sentiment du divin.



  1. V. Henri Lechat, Au musée de l’Acropole d’Athènes, p. 407.