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Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/28

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être envisagée avec largeur. L’étude des arts nés du Bouddhisme ou transformés par lui a produit récemment, surtout en France, des travaux remarquables par la sûreté de la méthode et par la nouveauté des conclusions. Beaucoup de ces monuments nouvellement mis au jour, marqués d’un sens précis ou dépositaires d’inexprimables songes, se rattachent, par leur forme, sinon par leur contenu, aux mêmes origines que l’art méditerranéen. La grandeur du génie philosophique et plastique de l’Asie est loin d’en être diminuée, bien au contraire, mais ce génie apparaît plus complexe, moins un, moins massif à nos yeux.

Le travail que l’on va lire a pour objet d’appeler l’attention sur ces nuances nouvelles et de montrer comment les divers peuples d’Asie, à mesure qu’ils recevaient et s’assimilaient la philosophie indienne, les pensées nées de la méditation du Sage sous l’arbre de la Bodhi, les anecdotes populaires enfantées par la plus gracieuse et la plus luxuriante imagination, ont traité les formes concrètes par lesquelles la religion bouddhique devait traduire le mieux leur propre idéal. Il ne saurait être considéré comme un manuel d’art bouddhique, mais comme un essai sur l’esthétique de cet art, comme une étude des rapports entre la pensée religieuse et les formules plastiques et techniques qu’elle a tantôt inspirées, tantôt reçues du dehors et modifiées. Nos habitudes d’esprit rendent cette tâche malaisée. Nous nous débarrassons volontiers du problème en limitant le génie asiatique à des