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Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/31

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rochers contre lesquels vint se briser l’armada de Koublaï-Khan, le Japon, à l’abri de tout mélange, fier de sa dynastie solaire, reçoit, décante et raffine les formules les plus hautes de la pensée asiatique. Longtemps ce chapelet d’îles extrême-orientales paraît vivre exclusivement pour lui, mais la race qui le peuple peine sur elle-même, dans un extraordinaire effort d’ascétisme social, et se prépare laborieusement à son rôle d’élite. À l’autre extrémité du continent, l’Iran des Arsacides, sorte de charnière entre l’Europe et l’Asie, divulgue vers l’est les thèmes de la vieille terre mésopotamienne et ouvre ses routes à de plus lointaines influences. L’Inde enfin, au matin de la race blanche, recueille et conserve une langue, des rites, une mythologie dont les racines se retrouvent dans les premières annales de l’humanité d’Occident. Elle construit la religion et la civilisation brahmaniques, pense le Bouddhisme, le répand et y renonce pour elle, revient à sa profusion de dieux étranges, copieux, ondoyants, difformes, jusqu’au jour où l’Islam la pénètre, où elle connaît le tolérantisme mongol.

Quels furent les rapports réciproques de ces puissantes unités morales, par quels chemins les échanges purent-ils passer, dans quel sens et selon quel rythme ? L’Asie est partagée en grandes régions naturelles, véritables catégories géographiques qui apparaissent posées une fois pour toutes à l’aurore de l’histoire. Les peuples qui les habitent sont profondément distincts les uns des autres. Pour ne prendre qu’un