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LA RÉVOLUTION CARTÉSIENNE.

c’est d’expliquer toujours un tout par ses parties, jamais les parties par le tout ou par l’idée du tout qu’elles tendraient à réaliser. Qui aura bien compris ce changement radical introduit par Descartes ne se demandera plus ce que le Discours de la méthode apportait de vraiment nouveau.

« Celui qui suit attentivement ma pensée, conclut Descartes, verra que je n’embrasse rien ici moins que les mathématiques ordinaires, mais que j’expose une autre méthode, dont elles sont plutôt l’enveloppe que le fond. En effet, elle doit contenir les premiers rudiments de la raison humaine et aider à faire sortir de tout sujet les vérités qu’il renferme. » La méthode mathématique ne donne, pour Descartes, qu’une application, plus frappante et plus sûre, de la méthode universelle, qui est la raison se retrouvant en toutes choses. La méthode des sciences physiques n’en est aussi qu’une application, et Descartes la conçoit comme d’autant plus parfaite qu’elle se rapproche davantage des procédés mathématiques. Pour lui, l’expérience sensible n’est qu’une connaissance confuse, qui a besoin d’être ramenée à ses éléments intelligibles ; l’induction est une déduction provisoire, qui a besoin d’être complétée et confirmée par l’expérimentation. Cependant Descartes ne rejette nullement l’expérience, qui va, dit-il, « au-devant des causes par les effets ». Il était lui-même un observateur et expérimentateur de génie. Il pratiqua, un des premiers, la vivisection. Ses expériences sur l’arc-en-ciel sont un modèle. « Je tâche, dit-il à Mer-