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Page:Fouillée - Descartes, 1893.djvu/91

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la critique de la connaissance.

de nos idées hors de nous, la portée exacte et les bornes de notre intelligence. Son livre, qui traite « de l’univers », s’ouvre par une théorie de la connaissance. Qu’est-ce que la vérité, qu’est-ce que l’erreur, à quels signes peut-on les distinguer ? Voilà ce qu’il se demande avant de passer aux objets de la connaissance. Il définit la métaphysique même, avant Kant et par opposition à l’ontologie dogmatique de ses prédécesseurs, l’étude des « principes de la connaissance humaine ». Il attribuait d’ailleurs aux principes de la connaissance une foncière identité avec les principes de l’existence à nous connaissable. C’était donc bien, en somme, à ce que les Allemands appellent aujourd’hui la « théorie de la connaissance », et dont ils ont fait une véritable science dominant toutes les autres, que Descartes rattachait déjà les sciences diverses et leur méthode. Cette conception est la vraie : sans enlever aux sciences spéciales leur légitime indépendance, elle marque l’unité de leurs principes et de leurs méthodes dans la nature même de l’intelligence. « Les sciences toutes ensemble, dit magnifiquement Descartes, ne sont rien autre chose que l’intelligence humaine, qui reste une et toujours la même, quelle que soit la variété des objets auxquels elle s’applique, sans que cette variété apporte à sa nature plus de changement que la diversité des objets n’en apporte, la nature du soleil qui les éclaire. » Aussi « une vérité découverte nous aide à en découvrir une autre, bien loin de nous faire obstacle. Si donc on veut