Aller au contenu

Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
ARVERS (FÉLIX)

I

UN SECRET

imité de l’italien


Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire ;
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander, et n’ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin distraite et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.

A l’austère devoir pieusement fidèle
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :
« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas.


II

SONNET


J’avais toujours rêvé le bonheur en ménage,
Comme un port où le cœur, trop longtemps agité,
Vient trouver, à la fin d’un long pèlerinage,
Un dernier jour de calme et de sérénité ;