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Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/104

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« Devions-nous cette préoccupation sublime à des natures heureuses ? à des circonstances favorables ? Peu importe… les rayons d’or qui venaient nous chercher séparément nous entraînaient les uns vers les autres et se confondaient en un seul trésor, où nous puisions tous, sans jamais l’épuiser, la foi, la confiance, l’enthousiasme, l’espoir et même la générosité

« Pourquoi, mon ami, la réflexion qui glace, l’inquiétude qui énerve, la jalousie qui sépare, pourquoi ces passions mauvaises qui se glissent partout et toujours n’ont-elles jamais pu pénétrer dans nos réunions d’autrefois ?

« C’est un sublime et doux mystère, — n’est-ce pas ? — qui vient encore aujourd’hui flotter dans notre âme à la fois surprise et charmée, comme une vague réminiscence de jeunesse bienheureuse, de fraternité magnétique et de béatitude enchantée.

« Heureux temps, cher Théophile, dont nous devons nous enorgueillir, car lorsqu’on a marché dans cette vie que tant d’amertume a souvent attristée, il faut être fier d’y avoir trouvé quelques bonnes heures, il faut se vanter d’y avoir été heureux ! Remember.

« J. Bouchardy. »


Vingt-sept années déjà séparent cette date de 1830. — Le souvenir a la fraîcheur d’un souvenir d’hier : l’impression d’enchantement subsiste toujours. De la terre d’exil où l’on poursuit le voyage,