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Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/212

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nous servir de l’expression de Sainte-Beuve dans les notes de Joseph Delorme.

La Marée de l’équinoxe, tirée d’une scène de l’Antiquaire de Walter Scott, la Mort de l’espion Morris, empruntée aussi à un roman de l’illustre baronnet, l’Épisode la Saint-Barthélemi, sujet puisé dans la Chronique de Charles IX de Mérimée, furent à peu près les seuls tableaux dramatiques de Camille Roqueplan ; bien que ces trois toiles renferment d’éminentes qualités, elles sont peut-être les moins originales de l’artiste : il était peintre avant tout, à prendre le mot en sa plus rigoureuse acception : l’intérêt ne consistait pas pour lui dans telle ou telle anecdote plus ou moins adroitement mise en scène, mais bien dans la grâce de l’arrangement, dans l’harmonie de la couleur, dans le bonheur de l’exécution. Il faisait de l’art pour l’art : excellente doctrine, quoi qu’on en ait pu dire, et il ne se souciait de rien prouver, sinon qu’il était un maître.

Il le fut, en effet, en des genres bien divers : il peignit le paysage aussi bien que Flers et Cabat et avant eux ; la marine, comme Bonnington et E. Isabey, avec un accent particulier ; puis, comme ce n’était pas un de ces esprits qui répètent indéfiniment la formule une fois trouvée, il s’engagea dans plusieurs sentiers pris et quittés tour à tour, où sa trace est restée empreinte. Il se fit Hollandais avec Netscher, Metzu, Mieris, et se composa un de ces riches intérieurs aux portières de damas des Indes, aux tables à pieds tors recouvertes de tapis de Tur-