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Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/239

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étaient deux, Achille et Eugène ; Achille était l’aîné, et si les nécessités de la vie ne l’eussent forcé à une production incessante, il eût sans doute laissé un grand nom, car il n’était pas moins bien doué que son frère ; et dans son œuvre presque innombrable qu’on recherchera plus tard, lithographies, vignettes, portraits, compositions de toutes sortes, on trouve toujours un dessin souple, libre, original, et d’une élégance florentine qui suppose beaucoup de science. L’époque tout entière y revit avec ses modes, ses tournures, ses affectations et ses excentricités caractéristiques. La maison des Devéria était donc un des foyers du romantisme ; on y voyait Sainte-Beuve, Alfred de Musset, Fontaney, David (d’Angers), Planche, Louis Boulanger, Abel Hugo, PauI Foucher, Pétrus Borel, Pacini, Plantade et bien d’autres. Le grand maître y venait lui même souvent.

Eugène Devéria était élève de Girodet, on ne le dirait guère ; mais Eugène Delacroix eut pour maître Guérin. Qui pourrait le croire ? La Naissance de Henri IV ne rappelle pas plus Atala et Chactas que la Barque du Dante ne rappelle le Marcus Sextus.

Il est difficile, maintenant que la révolution est accomplie, de faire comprendre l’effet que produisirent les tableaux des deux jeunes maîtres, l’un si éclatant, l’autre si robuste de couleur ; celui-là si joyeux et celui-ci d’une âpreté si sombre, parmi les contre-épreuves de plus en plus pâles de l’école expirante de David ; et il est bon de replacer ces