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Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/259

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mença la révolution que Froment Meurice continua et fit triompher.

Dans ce groupe éclatant de poëtes, de peintres, de sculpteurs, de musiciens. Froment Meurice, et c’est un grand honneur, sera l’orfévre ; il cisèle l’idée que cette forte génération a chantée, peinte, sculptée, modelée ; il apporte au trophée de l’art du XIXe siècle une couronne aux brillantes feuilles d’or, aux impérissables fleurs de diamants. V. Hugo, dans une odelette charmante, l’a appelé le statuaire du bijou ; Balzac, le Dante de la Comédie humaine, ne manque jamais d’attacher au bras de ses grandes dames ou de ses courtisanes, de ses duchesses de Maufrigneuse et de ses Aurélie Schuntz, un bracelet de Froment Meurice. Vous trouverez son nom toutes les fois qu’il s’agit de luxe intelligent, d’art rare et délicat dans les pages des poëtes, des romanciers, des critiques. Si par hasard, la fortune heurte du pied le seuil d’un artiste qui n’a bu jusque-là que dans la coupe de l’idéal, il va commander tou de suite des seaux d’argent pour frapper le vin de Champagne à l’orfèvre habile digne de comprendre toutes les fantaisies.

Froment Meurice n’a pas beaucoup exécuté par lui-même, quoiqu’il maniât avec beaucoup d’adresse l’ébauchoir, le ciselet et le marteau. Il inventait, il cherchait, il dessinait, il trouvait des combinaisons heureuses ; il excellait à diriger un atelier, à souffler son esprit aux ouvriers. Son idée, sinon sa main, a mis un cachet sur toutes ses œuvres. Comme