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HECTOR BERLIOZ


NÉ EN 1803. — MORT EN 1870




Ce fut une destinée âpre, tourmentée et contraire que la sienne. Comme le poëte Théophile de Viau le dit de lui-même : Il était né « sous une étoile enragée. » Toujours sa barque fut battue des flots et des vents, noyée à demi d’écume, assaillie de la foudre, repoussée du port et remportée en pleine mer au moment d’aborder ; mais à la poupe était assise une inflexible volonté, que la chute de l’univers n’eût pas ébranlée et qui, malgré les voiles en pièces, les mais brisés, la carène faisant eau de toutes parts, poursuivait imperturbablement sa route vers l’idéal.

Personne n’eut à l’art un dévouement plus absolu et ne lui sacrifia si complètement sa vie. En ce temps d’incertitudes, de scepticisme, de concessions aux autres, d’abandon : de soi-même, de recherche du succès par des moyens opposés, Hector Berlioz n’écouta pas un seul instant ce lâche tentateur qui se penche, aux heures mauvaises, sur le