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Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/289

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MADAME DORVAL


NÉE EN 1801. — MORTE EN 1849




Ce qui a tué madame Dorval, c’est sa trop vive sensibilité, c’est la passion, l’enthousiasme, l’âme trop prodiguée, l’huile brûlée vite dans une lampe ardente, l’indifférence, le dédain de certains grands théâtres, le silence qui se faisait autour d’un nom naguère retentissant, et surtout le regret d’un enfant perdu ; car, ainsi que le dit Victor Hugo, le grand poète :


Ces petits bras sont forts pour vous tirer en terre !


Nous connaissions à peine madame Dorval, et, cependant, il nous semble avoir perdu une amie intime : une part de notre âme et de notre jeunesse descend dans la tombe avec elle ; lorsqu’on a de longue main suivi une actrice à travers les transformations de sa vie de théâtre, qu’on a pleuré, aimé, souffert avec elle, sous les noms dont la fantaisie des poëtes la baptise, il s’établit entre elle et