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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/111

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ISOLINE

Il la vit et se recula avec un cri rauque, un visage décomposé ; la lune, qui l’éclairait en plein, le rendait blafard, effrayant :

— « Arrière ! arrière ! assassin ! cria-t-il, va-t’en ou je te tue ! »

La jeune fille épouvantée s’enfuit et toute tremblante se barricada dans sa chambre où d’affreux cauchemars la suivirent.

Lorsque Gilbert, le lendemain, eut, presque par la violence, forcé la porte du château, il vit un homme vieux à cinquante ans, hébété par le désespoir, qui paraissait doux, mais dont l’œil fixe était d’un fou.

Dès qu’on lui parla d’Isoline, il tressaillit et son visage prit une expression dure ; mais il écouta avec un calme apparent.

— « Cette demoiselle ne veut pas se marier, répondit-il, elle désire passer sa vie dans la retraite. »

Et comme Gilbert insistait, affirmant qu’il n’en était rien, un éclair de fureur passa dans les yeux du baron ; il se contint pourtant et répondit avec une grande politesse.

— « Puisque vous paraissez mieux renseigné que moi, la personne dont il s’agit sera avisée de l’hon-