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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/123

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ISOLINE

volonté ; pardonnez-moi si j’ai troublé votre vie, oubliez-moi. J’ai bien compris mes devoirs à présent, ma résolution est inébranlable. Allez, mon frère, partez : je prierai pour que la mer vous soit clémente. »

Une pensée horrible traversa l’esprit de Gilbert : on lui avait persuadé peut-être, à elle aussi, qu’il l’avait recherchée pour sa fortune ! Il sentit de la glace lui tomber sur le cœur. Toute insistance devenait honteuse : un mur d’or se dressait entre elle et lui.

Il recula, hagard, les yeux fixés sur cette figure pâle et comme sculptée dans ses voiles, sans un mot, sans un adieu ; puis la porte retomba et il s’enfuit.

Dès qu’il fut parti, Isoline se laissa tomber anéantie sur une chaise, et éclata en sanglots. L’abbé Jouan vint vite à son aide.

— « Vous avez été admirable, ma fille, dit-il, j’ai tout entendu ; vous êtes maintenant délivrée de ses poursuites, il partira : oubliez les vains soucis du monde et songez à Dieu.

— Le sacrifice est fait maintenant, dit-elle, je ne vous demanderai plus qu’une seule grâce avant