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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/125

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ISOLINE


IX


La douleur de Gilbert fut morne et d’un calme effrayant. Il fit ses préparatifs de départ, comme quelqu’un qui sait ne pas revenir ; il donnait tous ses objets précieux, tous les bibelots bizarres rapportés de ses voyages.

— « On dirait que tu fais ton testament, lui disait Sylvie.

— Les marins restent souvent en route, répondait-il avec un ricanement.

— Pourquoi n’as-tu pas fait prolonger ton congé ? Tu es mal guéri. Qu’est-ce qui te presse ?

— Un message important pour le gouverneur de la Martinique.

— C’est stupide de partir comme te voilà, tu es plus blanc qu’une figure de cire.

— Cette couleur fera plaisir à voir aux nègres de là-bas. »

Sylvie haussait les épaules, tout en considérant des éventails de plume qui feraient très bien sur sa cheminée.