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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/137

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LA FLEUR-SERPENT

hésiter son élégante silhouette, se détachant sur un fond de verdure sombre.

J’avais laissé une jeune fille, je retrouvais une jeune mère. Claudia devait épouser, au moment de mon départ, un de mes meilleurs amis, le comte Scala ; mais, quelques semaines avant le jour fixé pour le mariage, mon pauvre ami avait péri dans une traversée de Naples à Gênes où il se rendait pour régler quelques affaires et chercher quelques papiers de famille ; pendant un orage, paraît-il, un coup de mer l’avait emporté. Claudia l’attendit vainement et en apprenant sa mort ne témoigna pas d’un chagrin bien vif. Elle épousa six mois après un jeune Napolitain : Leone Viotti, qui avait essayé de la disputer à Scala, et qui était beaucoup plus selon son cœur, à ce qu’on disait.

Aussitôt qu’elle m’aperçut, Claudia descendit vivement quelques marches avec un cri de surprise joyeuse.

— « Comment ! docteur, c’est vous ? s’écria-t-elle de cette voix sonore et un peu grave dont mon oreille se souvenait bien. Vous voilà donc enfin revenu ? Nous jurions que vous vous étiez fait brahmane ou que quelque tigre des jungles vous avait dévoré. »