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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/139

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LA FLEUR-SERPENT

présentation eut lieu, suivie de ce moment de silence gênant et difficile à rompre entre des gens qui ne se connaissent pas.

— « Voyez ! voyez ! c’est mon fils ! » s’écria tout à coup Claudia en me montrant, avec un orgueil passionné, un délicieux bambin de trois ans qui venait de se jeter dans ses jupes.

L’enfant me regarda en riant, puis s’échappa, bondissant à travers les allées, et disparut derrière une grosse touffe de fleurs en criant :

— « Coucou !

— Allons, Pepino, reviens, » dit la jeune mère en nous entraînant vers la villa.

L’habitation apparut bientôt au milieu d’une végétation puissante, d’un vert presque noir. Le soleil, qui se couchait, envoyait sa lueur sur la façade et l’ensanglantait de haut en bas. Je ne sais pourquoi j’éprouvai une impression pénible, une sorte de crainte vague, comme si un danger ou une douleur me menaçait.

Ah ! plût à Dieu qu’à ce moment même je me fusse enfui pour ne plus revenir, en me bouchant les oreilles afin qu’aucun écho de cette maison terrible n’arrivât jusqu’à moi !