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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/177

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LA FLEUR-SERPENT

voiture, les mains pleines de fleurs, et, en riant, elle tendait vers nous un gros bouquet rouge fait de ces fleurs maudites, meurtrières, épouvantables, un bouquet de Fleurs-Serpent !

Je poussai une affreuse imprécation, tandis que d’un geste brusque la femme de chambre rejetait sur la chaussée la misérable enfant qui nous perdait.

C’était trop tard ! Claudia avait vu, Claudia avait compris ; ce cri était le premier et le dernier de son âme réveillée. Elle s’était levée toute droite ; mais elle se rejeta bientôt sur les coussins en riant d’un rire atroce. La pensée s’était envolée pour jamais.

La Fleur-Serpent avait achevé son œuvre.

Ces souvenirs douloureux, je les écris sur le paquebot qui m’emporte, pour toujours, je ne sais où.

Est-ce vraiment le hasard seul qui a dirigé les évènements de cette fantastique aventure ? Pour moi, je ne puis le croire, et je vois clairement la vengeance du mort dans tout cela. Je crois même que la folie de Claudia est due à une dernière faiblesse de l’amant dédaigné pour celle qu’il adora, car, si