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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/228

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L’AUBERGE

ment. Ces jeunes filles représentaient un couple de ces jolis insectes, tout ailes, tout amour, qui symbolisent la félicité conjugale. Elles tenaient chacune une anse d’une grande corbeille pleine de jouets d’enfants, qu’elles jetèrent successivement dans le brasier.

— « L’enfant joueur n’est plus, disait l’un.

— La fillette se transforme en femme, comme la chrysalide devient papillon.

— Les poupées ont vécu, désormais tu berceras tes fils.

— Tu souriras à ton époux, tu surveilleras le ménage. »

Et les jouets l’un après l’autre tombaient dans la flamme qui pétillait. Lorsqu’il n’en resta plus un seul, les deux papillons frappèrent dans leurs mains, en criant :

— « Partons ! partons ! »

Alors la mère de famille éclata en sanglots ; Mizou souleva sa large manche, lourde de broderies, jusqu’à la hauteur de ses yeux ; Fûten baissa la tête, tandis que Yamata se cachait le visage dans ses voiles blancs. Cette toilette nuptiale, couleur de deuil, signifiait que la jeune fille était morte désor-