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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/23

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ISOLINE

dans les bras d’une jeune femme, vêtue d’une robe grise, d’un paletot noir et d’un chapeau un peu défraîchi.

— « Te voilà donc ! Mon Dieu, comme tu es blanc ! On voit bien que tu as pâti.

— La fièvre jaune, » dit l’officier.

Deux petites filles, l’une de six, l’autre de quatre ans, regardaient bouche béante.

— « Vous ne dites rien à votre oncle ?

— Je leur fais peur. »

Le prêtre s’éloignait en faisant de grands saluts.

— « Ah ! bonsoir, monsieur l’abbé, lui cria Mme Aubrée avec un sourire aimable. Allons viens-t’en, dit-elle à son frère. Damont portera tes malles. »

Ils s’engagèrent dans la vieille rue du Jerzuale, malpropre et pittoresque, rapide comme le lit d’un torrent, pour gagner la rue de l’Horloge où demeurait la famille Aubrée.


II


Tout au bord de la Rance, en avant de la ville, sous deux gros arbres un peu ébranchés par le vent,