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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/248

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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

il se ravisa en songeant que l’on pourrait en faire du feu. Il rentra chez lui en fermant la porte avec colère.

— « Que se passe-t-il donc, père ? pourquoi sembles-tu irrité ? dit une jeune fille toute pâle de froid, qui entra d’un autre côté dans le salon d’honneur, au moment où San-Ko-Tcheou y pénétrait.

— Faites donc le bien, s’écria le vieillard très animé. Recueillez des orphelines comme j’ai recueilli Fleur-de-Roseau. Soyez poli avec tout le monde, charitable comme Miaou-Chen[1], — n’ai-je pas, l’an dernier, distribué un bol de riz entre toute une armée de mendiants ? — pour être traité comme l’on me traite, pour recevoir cette récompense ! »

Et il jeta au milieu du salon les deux affiches dont il avait fait une boule.

Fleur-de-Roseau les ramassa et les déplia. Tandis qu’elle les lisait en tâchant de reconstruire le sens à travers les déchirures, Koo-Li jeta quelques charbons ardents dans un grand réchaud de cuivre à moitié empli de cendres. Mais ce maigre feu, par un froid pareil, était une amère ironie ; il semblait

  1. La déesse de la Compassion.