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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

ses visiteurs sur le seuil de la porte extérieure.

Les uns arrivaient en palanquin, les autres à cheval ou à pied. À chaque nouveau venu, l’avare dégringolait les trois marches du seuil et se précipitait. Alors, les Tchin-tchin se multipliaient, les poings fermés s’élevaient à la hauteur des yeux, les échines se courbaient, les genoux ployaient à demi.

Le seigneur Pen-Kouen, celui qui portait de si riches fourrures, arriva le dernier ; des serviteurs précédaient son palanquin porté par huit hommes. Pour celui-là, San-Ko-Tcheou s’avança jusqu’au milieu de la chaussée ; il l’aida à descendre, puis mit un genou en terre et lui dit :

— « Depuis longtemps je songeais sans cesse à votre nom qui parfume !  »

Cœur-de-Rubis recevait ses amis avec une joie cordiale et un sourire d’intelligence.

Lorsque tous furent réunis, on ne tarda pas à s’asseoir à table, et l’avare cria de sa voix chevrotante :

— « Allons, Koo-Li, le premier service ! »

Koo-Li, tout effaré, parut et posa sur la table différents bols et plateaux.

— « Prenez de ce lait d’amandes, dit San-Ko--