Aller au contenu

Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
260
LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

lon. Les convives, partagés en deux rangs, s’adressèrent les saluts d’usage, puis les tasses furent vidées ; mais, soit par les secousses des rires contenus, soit à cause du dégoût qu’inspirait le liquide aigre et étendu d’eau qu’il fallait avaler, plus de la moitié fut répandu à terre.

On se remit à table. Koo-Li venait d’apporter le second service.

— « Fait-il donc si froid, que vous gardez vos fourrures ? demanda tout à coup Cœur-de-Rubis, qui ne cessait de s’éventer.

— Il demande s’il fait froid, dit San-Ko-Tcheou qui grelottait les genoux serrés, courbé en deux, les coudes rentrés dans les côtes.

— Il a toujours chaud, lui, depuis qu’il possède certain talisman, dit Pen-Kouen, d’un air parfaitement grave.

— Voyez comme il transpire, » s’écria un autre.

Cœur-de-Rubis, tandis qu’on portait les santés, était sorti un instant dehors et avait glissé sous sa calotte une poignée de neige ; l’eau lui coulait en effet sur le front.

— « Est-ce possible ! s’écria l’avare qui regardait son neveu avec stupéfaction ; mais peut-être es-tu