Aller au contenu

Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

— « Ton talisman peut-il nourrir plusieurs personnes, dit-il à ce dernier, en rompant tout à coup le silence.

— Vingt, trente, cent hommes, toute une armée, mon oncle ; il suffit de le porter quelques instants pour avoir très bien dîné.

— Et les femmes ?

— Ah ! je dois l’avouer, la vertu du talisman s’arrête aux femmes et n’a aucun effet sur elles.

— Vraiment ! dit l’avare désappointé, c’est dommage, je t’aurais acheté ce manteau ; mais, tu sais, j’ai une fille adoptive, Fleur-de-Roseau. »

Le jeune homme eut un battement de cœur.

— « Cette jeune fille doit être en âge de se marier, dit-il ; elle vous quittera bientôt.

— Un mariage ! Y songes-tu ? Et les frais énormes qu’il entraîne, le trousseau, la cérémonie ?

— C’est vrai, et je vous comprends d’autant mieux, mon oncle, que moi-même je ne me marie pas pour éviter toutes ces dépenses d’une noce. Je sais bien qu’il est une coutume qui permet de se marier sans fastes en emmenant simplement la jeune fiancée, après que le père a consenti devant témoins à vous la donner pour femme. Mais com-